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Sacha Wichnievski :peintre
Tatiana Alapa : pilote automobile
Rencontre

Demain, c’est notre anniversaire de mariage, je le sais. J’ai conservé au fond d’une boite, un pétale de la fleur qu’elle m’a offerte le jour de notre rencontre. Elle n’a jamais rien fait de banal, elle est ma femme depuis 20 ans. Elle me nomme « son aquarelle » devant nos amis, elle me dit que je suis « son Sacha », dans nos moments partagés, nos instants d’intimité. Frêle Tatiana, si petite, si fragile et si déterminée et intransigeante lorsqu’elle s’assied dans son monstre d’acier.
Je me souviens de notre première rencontre : mon premier vernissage. Une galerie, avenue de la République : ma première illusion. Je me souviens des verres de champagne,  des éclats de rire, des oh et des ah de surprise et d’exclamation devant mes toiles et de ce casque rouge au milieu des têtes bien faites, et de son éclat de rire…les commentaires des biens pensant, les approbations du bon Paris se sont alors tues.
Je me souviens encore de ses paroles : « j’ai apporté des fleurs, elles sont pour celui qui saura me démontrer que l’art n’a pas besoin de petits fours ». Je me suis approchée d’elle, femme sans visage, l’ai emmenée devant ma toile et lui ai dit « ceci est un point d’exclamation ». Elle a dit « ah » et s’est éclatée de rire : mon exclamation devenant la sienne ! Elle m’a tendu son bouquet de fleur, a retiré son casque et m’a donné sa main gantée. Elle m’a dit se prénommer Tatiana, être passionnée d’automobile, être revenu récemment du rallye des Gazelles, et vouloir par-dessus tout devenir pilote de formule 1. Je n’entendais rien : je l’observais.
C’est comme ça que j’ai gardé un pétale de rose,  c’est comme ça que je l’ai aimée, c’est comme ça que je suis devenu le premier chef de file du mouvement « exclamationniste », c’est comme ça que je cours les circuits depuis 20 ans.

Sophie